Les fêtes de fin d’année approchant à grand pas, la question des idées de cadeaux pour ses amis et sa famille va bientôt se poser. Et quoi de mieux pour faire plaisir à un amateur de whisky qu’une bonne bouteille soigneusement sélectionnée ? Que ce soit un classique très bien ficelé ou une nouveauté plus originale qui sort des sentiers battus, plusieurs options sont disponibles et c’est toujours assez compliqué de faire un choix parmi la multitude de références disponibles.
En septembre dernier j’ai donc parcouru les allées du Salon Dugas Club Expert au Carreau du Temple, dans l’idée de dénicher des pépites qui feront mouche à coup sûr.
Voici donc ma sélection de six whiskies aux styles bien différents pour faire plaisir ou surprendre à Noël !
Writers Tears Japanese Mizunara, 55%
Le Writers Tears Pure Copper Pot étant un de mes whiskies irlandais favoris, cette version affinée 9 mois en fûts de Mizunara (chêne japonais) a immédiatement attiré mon attention. Tout comme son petit frère, il s’agit ici d’un assemblage de Single Pot Still et de Single Malt irlandais.
Pour rappel, en Irlande une taxe sur le whisky avait été mise en place. Son montant était calculé sur la quantité d’orge maltée utilisée pour sa production. En Irlande comme partout, payer ses impôts n’est pas quelque chose qui fait plaisir. Les irlandais ont donc eu l’ingénieuse idée de distiller un mélange d’orge maltée et non maltée afin de réduire les taxes.
Au nez, on reconnaît tout de suite la trame classique des Single Pot Still, crémeuse et gourmande avec de belles notes de céréales. Sur celle-ci viennent se greffer des arômes de fruits frais croquants et acidulés : la pomme verte, la poire ; ainsi que quelques notes épicées provenant du bois.
En bouche, le ballet aromatique propose une ouverture boisée et délicatement épicée. Puis les fruits exotiques, la coco et la vanille entrent dans la danse. Le tout est bien équilibré et complété en fin de bouche par les céréales qui apportent une saveur de pop-corn au caramel.
La longue finale s’étire sur les principaux arômes de ce whiskey : les épices, les céréales et le bois.
Pour cette seconde bouteille on reste en Irlande et sur le grain avec un whiskey Single Grain élaboré à partir de 95% de maïs. Sa particularité ? Un vieillissement de 9 ans en ex-fûts de Bourbon, avant un séjour de 4 ans en ex-fûts de vin rouge bordelais (dont on ne connaît malheureusement pas la provenance exacte).
C’était ma première rencontre avec un Single Grain affiné en ex-fûts de vin rouge, et le moins que l’on puisse dire c’est que Teeling a maîtrisé cette alliance à la perfection pour nous offrir un jus surprenant et innovant.
Single Grain oblige, le nez développe une gourmandise envoûtante, avec des fruits rouges et noirs, des arômes pâtissiers de cake aux fruits confits, de brioche chaude et une bonne dose d’épices.
La bouche est typique des whiskies à base de maïs avec une texture très crémeuse et des arômes vanillés. Le fût de vin rouge apporte ses tannins, ainsi qu’une belle dose de fruits rouges et des notes de réglisse.
La finale s’étire en longueur et reste sur cette texture crémeuse avec des épices douces et du bois.
Hazelburn 10 ans, 46%
Cette fois ci départ pour l’Ecosse, et plus particulièrement pour la région de Campbeltown, presqu'île très proche de l’Irlande. Les whiskies produits dans cette région sont de plus en plus recherchés ces dernières années. Par exemple, il est de plus en plus compliqué de mettre la main sur les whiskies de la distillerie Springbank, et leur prix augmente rapidement.
Mais tous les whiskies de Campbeltown n’attirent pas autant l’attention. C’est notamment le cas des whiskies Hazelburn, pourtant produits au sein de la même distillerie que les Single Malts Springbank ! Vieilli exclusivement en ex-fûts de Bourbon et triple distillé, le Hazelburn 10 ans est sans aucun doute le Single Malt le plus frais et gourmand produit dans la région. Un classique que je connaissais déjà mais que j’ai dégusté à nouveau pour raviver de beaux souvenirs oubliés.
Le nez s’ouvre sur un mélange de fruits blancs, d’épices douces, de caramel et de vanille. C’est à la fois très simple, très frais et super accessible.
En bouche, les fruits blancs sont à nouveau au rendez-vous, avec des notes de pomme fraîche et de poire. Une sorte d’osmose entre un bonbon acidulé et une compote de pomme agrémentée d’une pointe de cannelle.
La finale est persistante, sur la pomme, des arômes boisés et un petit quelque chose de cireux. Un pique-nique au printemps !
Teaninich 12 ans Côte de Nuits, 46.5%
House of McCallum est une collection de whiskies élaborée par Antony McCallum. Grâce à la série Auld Alliance (Vieille alliance), Antony rend hommage à l’amitié franco-écossaise via ses embouteillages indépendants. En effet, si l’Ecosse exporte son whisky en France depuis longtemps, elle importe aussi du vin français. La majorité des Single Malts de la gamme sont ainsi affinés dans des ex-fûts de vins provenant de nos plus belles régions viticoles.
Ce Teaninich en est le parfait exemple, avec son finish en fûts de vin rouge de la Côte de Nuits. Cette partie du vignoble bourguignon regroupe des appellations prestigieuses comme Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges…
Le nez intrigue par son mélange peu commun de vanille, de fruits rouges, de chocolat au lait et de miel de sapin. En le laissant s’ouvrir un peu, des notes de cire, de poivre noir et d'eucalyptus se dégagent du verre. C’est complexe et très plaisant.
En bouche deux mots : fruits et épices. Le tout en plusieurs étapes successives. Vous pourrez ainsi y trouver de la pomme, de la poire, des raisins secs, de la mûre, du cassis au fur et à mesure qu’il tapissera votre palais. Le tout soutenu par un bouquet d’épices parmi lesquelles vous reconnaîtrez sans doute le poivre, la noix de muscade, le clou de girofle, la cannelle.
La longue finale reprend la fraîcheur du nez et les épices de la bouche.
Bårelegs Battle Axe, 55.7%
Une sélection de whisky ne serait pas complète sans mentionner un Single Malt tourbé. Particulièrement amoureux de ce type de whisky fumé, j’ai eu la chance de découvrir ce Single Malt produit sur l’île d’Islay, réputée pour ses whiskies tourbés. La distillerie qui a produit le distillat est tenue secrète, mais peut-être qu’en discutant avec Donald et Mackay, les Islay Boys créateurs de cette gamme, vous aurez la chance d’en apprendre plus. Si vous souhaitez les rencontrer pendant un salon il vous sera facile de les repérer, ce sera probablement le stand avec les ambassadeurs qui assurent le plus le show en rigolant avec les visiteurs comme avec des amis. Après tout, le whisky est avant tout une question de partage et de convivialité !
Embouteillé presque brut de fût, ce whisky est certes puissant mais pas agressif. Une expression qui ravira les sens des amateurs de PPM et de Single Malt qui en ont sous le capot !
Dès qu’on approche le verre du nez, on note immédiatement l’apport de la tourbe dans le processus de fabrication de ce Single Malt. Elle est très présente, puissante, sur un registre viande fumée / bacon et cendré. Des arômes qui se mêlent à la perfection avec le crémeux des notes de céréales également présentes. En fond, la vanille et quelques épices apportent de la profondeur et de la complexité.
En bouche les 55,7% chauffent sans brûler. L’alcool est très bien intégré et c’est un plaisir de laisser le whisky tapisser le palais de sa texture huileuse et soyeuse. Le profil aromatique est ici le même qu’au nez. Pas de surprise, mais une efficacité redoutable et un réel plaisir de dégustation.
La finale est très longue, cendrée, minérale et légèrement végétale. Islay en bouteille !
Tamdhu Batch Strength 005, 59.8%
Il me manquait deux choses pour achever ma sélection : un whisky vieilli intégralement en ex-fût de xérès (une sherry bomb) et un whisky brut de fût. Et puis je suis tombé face au stand Tamdhu, une distillerie du Speyside avec laquelle j’étais peu familier. Il s’avère qu’ils proposent une édition brute de fût ET intégralement vieillie en ex-fûts d’Oloroso. Et en plus … c’est délicieux. Bingo !
La richesse et l’intensité de son profil aromatique en font une véritable sherry bomb, un style que j’affectionne particulièrement. Le degré d’alcool élevé apporte puissance et longueur en bouche. Un beau Single Malt du Speyside ! Pour ceux d’entre nous dont le palais ne serait pas prêt à côtoyer un whisky aussi fort, quelques gouttes d’eau pour le diluer (non, ce n’est pas un drame) ne feront que développer sa palette aromatique et aideront certains arômes à se révéler !
En approchant le nez du verre on identifie immédiatement les marqueurs traditionnels de ce type de whisky : épices, bois, orange confites, dattes, crème de noix, flan à la vanille … C’est super gourmand !
En bouche le bal continu pour les épices, le bois et les agrumes. L’alcool est présent mais ne brûle pas, c’est agréable à déguster.
La finale est très longue. Les épices gagnent en douceur et s’étirent de longues minutes sur les gencives, accompagnées par quelques notes de fruits à coque.