En prenant le poste de Master Distiller chez Heaven Hill, Conor O’Driscoll devient alors le 7ème Maître Distillateur en 84 ans d’histoire de la distillerie.
Originaire d’Irlande, Conor est arrivé aux États-Unis en 1990 en tant qu’ingénieur chimiste spécialisé en levure et fermentation. Au début des années 2000, lui et sa famille se sont installés dans la région de Louisville, et il a tiré parti de sa formation en fermentation pour faire sa place dans l’industrie de la distillation.
En 2004, Conor débute sa carrière dans l’American Whiskey chez Brown-Forman.
Ensuite, il a orchestré les opérations de distillerie pour Woodford Reserve, Angel’s Envy et bien sûr Brown-Forman Distillery.
Lorsque l’opportunité de « travailler dans la cour des grands » s’est présentée, Conor l’a tout de suite saisie. En janvier 2019, il est donc nommé Master Distiller chez Heaven Hill.
Travailler pour une distillerie telle qu’Heaven Hill est inspirant ou terrifiant selon vous ?
Je suis entièrement conscient de l’héritage de Heaven Hill, mais honnêtement, ce n’est pas si terrifiant. Le but, comme je le dis souvent ici, est tout simplement de ne pas tout gâcher.
Quel est votre sentiment face à l’héritage que vous laisse Parker Beam, Maître Distillateur de renom ?
Je pense que j’ai assez confiance en mes propres capacités après 15 ans d’expérience. Pour moi, j’ai la chance d’être comme sur les épaules d’un géant, imaginez le point de vue. Suivre ses traces est plus inspirant qu’intimidant.
En quoi Heaven Hill’s Bernheim Distillery se distingue-t-elle de toutes les autres distilleries dans lesquelles vous avez déjà travaillé ?
La taille. C’est l’une des plus grandes distilleries de
Bourbon au monde. Nous avons 17 fermenteurs qui contiennent 469 390 litres chacun. Nous vidons et remplissons ces derniers plusieurs fois par jour. Puis nous les distillons à travers trois colonnes de 21 mètres de haut et 1,8 mètre de diamètre. Cette échelle est ahurissante.Comment l’opportunité de relever un tel défi s’est-elle offerte à vous ? Cherchiez-vous spécifiquement dans la distillation de whisky ?
Oui, en effet. En fait, j’ai fait du porte à porte et foulé le trottoir pendant deux ans avant que cette porte ne s’ouvre. J’ai pensé que ce serait cool d’être dans cette industrie, et avec mon diplôme en génie chimique, je voulais faire quelque chose d’intéressant et d’amusant. J’étais ingénieur-conseiller depuis quatre ans et je m’ennuyais à mourir. Je ne voulais pas faire de l’informatique, je voulais faire quelque chose qui me passionne. L’univers du Bourbon s’alignait sur ma passion pour la fermentation.
Parker Beam a élaboré du whisky pendant 30 ans avant de devenir officiellement le visage de la marque. Aujourd’hui, faire face au public fait partie intégrante du travail de Maître Distillateur.
Aimez-vous interagir avec le public ?
Je suis assez habitué à être sur le devant de la scène, et je suis, du moins je l’espère, plutôt doué. Il m’est arrivé de diriger des visites, et j’aime raconter des histoires. Je suis irlandais. Nous racontons des histoires.
Pensez-vous que mettre les Maîtres Distillateurs sous les projecteurs est une bonne chose pour l’industrie du Bourbon ?
C’est une question difficile, en fait, en raison de l’utilisation du terme « Maître Distillateur. » Il n’y a pas de diplôme ni d’examen à passer pour le devenir, il y a donc un léger risque de perte de légitimité dans la mesure où n’importe qui peut l’être. Il serait bien que le terme de Maître Distillateur signifie vraiment quelque chose.
Je n’ai jamais cherché à devenir maître distillateur, mais j’aime la façon dont j’y suis arrivé. Mon titre ici est « Distillery Manager, Master Distiller » ce qui signifie que mon premier travail est de gérer la distillerie et faire le whisky. Cela me convient, parce que j’aime la production. Lorsque j’ai pris mes fonctions chez Heaven Hill, on m’a dit que la marque se targuait d’avoir des maîtres distillateurs qui savent distiller. Et en effet… C’est bien ce que je fais.
Question facile : comment dégustez-vous votre whiskey ?
D’une manière générale, sur glace. Ces dernières années, je me suis initié à la mixologie et j’apprécie les cocktails comme le Manhattan et le Old Fashioned.
Question mise en situation : vous avez des invités qui ne sont pas amateurs de Bourbon, que leur servez-vous ?
Quand on parle de Scotch whisky, les gens vous diront que c’est trop ceci ou trop cela parce que l’Ecosse possède des régions aux caractéristiques très spécifiques. Je dirais que, quelque part il existe un whisky écossais que vous allez adorer, le défi est de le trouver.
En général, le meilleur dans le Bourbon c’est que vous n’avez pas à aller chercher exactement celui qui vous plaira. Pour moi, un bon Bourbon est facile à boire. Dans la gamme Heaven Hill, je leur servirais un Evan Williams. C’est un excellent whisky qui se décline également très bien en cocktails.
Question mise en situation acte 2 : les reines des RP (relations publiques) débarquent chez Heaven Hill, elles vous tendent le micro. Quel serait votre message ?
Je parlerais de l’héritage, de l’ampleur et de la profondeur de la gamme, ce qui nous distingue de tout le monde. Notre ambassadeur de marque, Bernie Lubbers, utilise l’expression « House Style » et décrit nos whiskies comme plus longs et plus forts. Nous les vieillissons plus longtemps que la plupart des distillateurs et nous les embouteillons à un degré d’alcool plus élevé.
La question perso :
Vous êtes irlandais, comme ceux qui ont apporté l’art de la distillation aux Etats-Unis, deux siècles auparavant. Votre famille est-elle fière que vous perpétuiez cet art, cette tradition ?
Ils en sont vraiment satisfaits ! Mes frères et sœurs pensent que c’est fantastique, et j’ai même quelques copains de lycée à qui je n’ai pas parlé depuis 30 ans qui ont vu sur LinkedIn ce que je faisais et qui m’ont dit : « Tu as le travail le plus cool de nous tous ».
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