Rencontre avec Olivier Couacaud, Directeur de la Rhumerie Chamarel - DUGAS

Rencontre avec Olivier Couacaud, Directeur de la Rhumerie Chamarel

Au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, au sud-ouest de l’océan indien, se trouve l’île Maurice.
C’est au cœur de l’île Maurice, non loin des célèbres Terres des 7 couleurs que se situe la distillerie Chamarel. Si les frontières de l’île sont toujours fermées à cause de la pandémie de Covid 19, voici un moment d’évasion le temps d’une interview. 

Commençons par les « incontournables » de l’île. Dès l’arrivée l’accueil chaleureux des mauriciens fait que l’on se sent tout de suite à l’aise, en sécurité. La multitude d’excursions à envisager sur l’île est telle qu’il est difficile de choisir.

Alors nous avons demandé à Olivier Couacaud, Directeur de la Rhumerie Chamarel de nous aiguiller. Pour lui, le village de Chamarel, avec les Terres de Couleur, la Distillerie et les tables d’hôte Chez l’Habitant sont à découvrir, tout comme le Jardin des Pamplemousses suivi de la visite de l’Aventure du sucre. La tradition sucrière de Maurice est très riche, comme son histoire. Alors la visite de Mahébourg avec son histoire navale et sa fabrique de manioc aideront un peu plus à l’immersion.

Petit point Covid. Depuis maintenant plus d’un an nous vivons au gré de cette pandémie.

Quels sont les impacts sur vous et la distillerie ?
Avez-vous eu les mêmes restrictions qu’en France ?

Nous avons eu les premiers cas à Maurice en février 2020, au tout début de l’épidémie en Italie. Très rapidement, les autorités ont fermé les frontières et ensuite en Mars, nous avons été confinés. Fort heureusement nous avons réussi à être « Covid Free » mais malheureusement nos frontières sont restées fermées. Du coup, l’impact économique notamment sur le secteur touristique est très important et nous à Chamarel, nous ne sommes pas épargnés. Nous avons une baisse de notre activité de plus de 70% et nous espérons redémarrer bientôt car nos ressources sont limitées dans le temps. 

Je voudrais en profiter pour remercier tout ceux qui nous soutiennent dans ces temps difficiles. Tout d’abord notre équipe qui est solidaire & compréhensive, et bien entendu nos partenaires et nos clients à l’international.

La distillerie est assez jeune (2008), qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’aventure du rhum ?

Le domaine a été acheté en 1996 et son activité principale était consacrée à la culture de la canne à sucre. Suite au démantèlement des accords préférentiels pour l’exportation du sucre, le domaine n’était plus viable. Il fallait donc innover. La Famille s’est alors lancée dans la transformation des cannes à sucre afin de préserver un maximum d’emplois et d’assurer la pérennité du Domaine. C’est ainsi que La Rhumerie de Chamarel a ouvert ses portes en Aout 2008 et depuis elle se consacre uniquement à la production de rhum agricole, qui a comme matière première le pur jus de canne à sucre. A titre d'information sachez que pendant la période des accords préférentiels, c’est-à-dire de 1968 à 2008, il était interdit de faire du Rhum Agricole à l’Ile Maurice. Le sucre était alors un des piliers de l’économie. Le premier décret a été délivré en 2001, et aujourd’hui il y a 5 distilleries de Rhum Agricole à Maurice. Chamarel – St Aubin – Gray’s – Oxenham – La Bourdonnais. 

Entre pur jus et mélasse, qu’est-ce-qui vous a décidé ?

Etant donné que nous étions nous-même planteur, le choix du pur jus de canne était une évidence. Ainsi nous sommes aujourd’hui fiers d’être un Single Estate Rum c’est-à-dire que tout se fait exclusivement sur place. De la culture de la canne à sucre jusqu’à la bouteille finale, tout est fait sur place et par nos équipes.

Comment définiriez-vous le « style Chamarel » ?

Je dirais que les Rhums Chamarel sont très fruités et aromatiques, contrairement aux Rhums légers. Je dirais que nous sommes un Rhum de Terroir.

Quelle est la cuvée dont vous êtes le plus fier ?

Nous sommes aujourd’hui très heureux du chemin parcouru avant tout. C’est vrai que nous avons démarré de toute pièce il y a seulement 12 ans, et aujourd’hui nous présentons une gamme complète de produits, à commencer par des rhums blancs, bruns, épicés, et une série de Rhums Vieux également … Nous avons déjà obtenu plusieurs distinctions internationales et nous espérons séduire un plus grand nombre de consommateurs.

Vous avez élaboré une série d’embouteillage XO avec différents finish, qu’est-ce-qui vous a séduit dans cette approche ? Quel est votre « petit chouchou » ?

Cette approche est passionnante car elle nous donne beaucoup de liberté. Nous avons une gamme « standard », à savoir un VS (3 ans), un VSOP (4ans) et un XO (6ans) que nous essayons de reproduire chaque année suivant la même recette. Avec les finitions, nous pouvons essayer ce qu’on veut. Il nous arrive souvent de faire des essais qui parfois ne fonctionnent pas, mais cela fait parti du jeu. En résumé, cette liberté nous permet d’innover chaque année et de proposer un univers aromatique encore plus complexe à nos clients. Pour moi, mon petit chouchou est le dernier embouteillage finition PX. Nous avons eu la chance de recevoir des fûts « frais », ayant contenu des écorces. Cela apporte une grande complexité à notre XO et une finale très gourmande. 

Comment envisagez-vous le futur pour Chamarel et sa place dans l’univers du rhum ?

A court terme, nous espérons que le monde trouvera une solution pour lutter efficacement contre le covid et que nous pourrons recommencer à vivre normalement. Ensuite, nous souhaitons consolider notre place sur le marché local, afin que les mauriciens soient fiers de leurs racines. Et bien entendu étendre notre développement sur la scène internationale. En ce qui concerne notre univers, nous travaillons beaucoup sur nos Rhums Vieux. Nous avons des nouveautés très intéressantes à vous faire découvrir prochainement.


Olivier Couacaud
Directeur de la Rhumerie Chamarel 


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